Présentation de l’atelier Poésie sonore (18-20 mai 2018)

Rappel, cet atelier animé par Philippe Aigrain aura lieu au Kairn à Arras-en-Lavedan du vendredi 18 (14h après un déjeuner) au dimanche 20 mai et se terminera par une restitution publique des travaux de l’atelier avec la participation du musicien Éric Chafer le dimanche 20 mai de 17h à 19h. Les personnes pouvant participer à l’ensemble de l’atelier auront priorité pour les inscriptions.

Poésie sonore ?

Qu’est-ce donc que la poésie sonore ? D’un côté, tout poésie n’est-elle pas sonore, s’adressant comme le dit Jacques Roubaud à la fois à l’oral (la diction) et l’aural (l’audition), utilisant pour cela tout une série d’effets sonores (assonances, allitérations, mètres) pour créer rythme et sens 1)Déjà Joachim du Bellay, dans Défense et illustration de la langue française (1549) écrivait :
Ainsi les vers, encore qu’ils ne finissent point en un même son, généralement se peuvent appeler rythme d’autant que la signification de ce mot [rytmos] est fort ample et emporte beaucoup d’autres termes, comme […] règle, mesure, mélodieuse consonance de voix, consécution, ordre et comparaison.
. À l’autre extrême, s’agit-il de faire poésie avec des sons sans mots, continent que des performeuses contemporaines ont magnifiquement exploré ? Rassurez-vous, l’atelier explorera un domaine à la fois plus précis et moins extrême : les écritures poétiques qui prêtent une attention particulière à des formes ou techniques reposant sur la dimension sonore des mots et de leurs agencements. Ces formes et techniques sont à la portée de tous, mais bien sûr, leur utilisation dans la poésie dépend des buts propres à chacun.

Le déroulement de l’atelier

Le premier après-midi

Après un déjeuner amical au Kairn, l’après-midi du vendredi 18, sera principalement consacré à l’exploration par la lecture à voix haute et l’écoute de textes piochés dans la longue histoire de la poésie sonore francophone (du 12e siècle aux œuvres contemporaines), proposés par l’animateur ou amenés par les participants. Il s’agira aussi bien de textes qui agencent les sons et la prododie pour créer du rythme que de textes qui utilisent l’ambiguité phonétiques de la langue pour créer des effets poétiques. Le français se prête particulièrement à l’exploration de l’ambiguité phonétique qui fait qu’une succession de sons peut-être interprétée (par l’auditeur) comme correspondant à plusieurs écrits possibles. C’est par l’exploration de ces ambiguïtés que la poésie francophone peut être dite sonore dès les Grands rhétoriqueurs du XVe siècle. Leurs écrits paraissent souvent des jeux de mots assez gratuits jusqu’à ce que des poètes s’en servent pour ouvrir de nouveaux sens, ainsi dans ce rondeau de François Villon :

Jenin l'Avenu
Va t'en aux étuves,
Et toi la venu
Jenin l'Avenu
Si te lave nu
et te baignes es cuves.
Jenin l'Avenu,
Va t'en aux étuves

C’est dans la seconde moitié du 20e siècle que le terme même de poésie sonore fut forgé. En dehors des créations purement sonores (sans mots) déjà mentionnées, il a souvent désigné des performances qui mêlaient des enregistrements à la diction de texte. Le terme anglais de spoken word poetry désigne un domaine plus précis. Dans l’atelier, nous nous intéresserons aux approches qui restent en lien fort avec le texte, à la fois lisible comme tel et lisible et dicible à voix haute (parfois en combinaison avec la musique), qu’il s’agisse de poètes aujourd’hui disparu.e.s (Gherasim Luca, Béatrice Beck, Christophe Tarkos), de créateurs comme Lucien Suel et Julien Blaine dans sa période récente ou de poètes contemporaines (Amandine André, A.C. Hello, Anne Kawala). Aucune connaissance préalable de ces auteur.e.s n’est requise, nous les découvrirons dans les limites du temps disponible.

L’écriture proprement dite le samedi

Le livre Comment écrire au quotidien de Pierre Ménard (Éditions publie.net), propose 365 exercices, chacun partant d’une œuvre (illustrée par un extrait) et en extrayant un procédé utilisable en atelier ou dans la pratique personnelle de chacun. Plusieurs dizaines d’entre eux permettent d’explorer des facettes de la poésie sonore délimitée comme décrit plus haut. Nous en expérimenterons un certain nombre dans une succession de séances rapides d’écriture et de partage de ce qui a été écrit. Nous écrirons aussi à partir des pratiques d’auteur.e.s de poésie sonore qui ne sont pas présents dans ce livre. Nous commencerons également à expérimenter des lectures croisées de lecteurs par des participant.e.s de textes écrit par d’autres.

La restitution du dimanche en fin d’après-midi et sa préparation

Enfin, la journée du dimanche sera consacrée à préparer, avec le musicien Éric Chafer, la restitution qui se déroulera (toujours au Kairn), de 17h à 19h. Nous prendrons le temps de choisir les textes et qui lit chacun, de concevoir un déroulé et surtout, bien sûr, de répéter avec Éric Chafer.

Inscriptions

Nous avons déjà des personnes inscrites et compte-tenu de la nature de l’atelier, le nombre des participants ne peut pas dépasser 10, 12 maximum. Comme déjà mentionné, il est très important de participer à l’ensemble de l’atelier pour en bénéficier pleinement et pour son déroulement (vendredi 14h-17h30 après un déjeuner à 13h, samedi 10h-17h avec une interruption pour déjeuner, dimanche 10h-19h avec pauses au déjeuner et avant la restitution qui débutera à 17h). Vous pouvez vous inscrire en utilisant ce formulaire de contact ou auprès du Kairn.

References   [ + ]

1. Déjà Joachim du Bellay, dans Défense et illustration de la langue française (1549) écrivait :
Ainsi les vers, encore qu’ils ne finissent point en un même son, généralement se peuvent appeler rythme d’autant que la signification de ce mot [rytmos] est fort ample et emporte beaucoup d’autres termes, comme […] règle, mesure, mélodieuse consonance de voix, consécution, ordre et comparaison.